Login

NOTORIÉTÉ USURPÉE

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

En avril, le gouvernement annonçait l'installation d'une commission du commerce équitable. Objectif : séparer le bon grain de l'ivraie, les vrais « Max Havelaar » des opportunistes mercantiles, là pour jouer sur l'image et qui retournent des clopinettes aux producteurs africains ou sud-américains. Le 17 mai, Nicolas Sarkozy signait, en grande pompe, un accord de modération des marges avec les GMS. But affiché : moraliser leurs pratiques commerciales en situation de crise des fruits et légumes.

Quel paradoxe entre ces gesticulations médiatiques visant les abus du commerce et le vécu de l'emmental français ! On nous rebat les oreilles que nos producteurs de lait sont moins compétitifs que leurs homologues d'Europe du Nord. Mais cela n'explique pas tout du boum des importations d'emmental et du différentiel de prix entre le râpé venu des Pays-Bas (3,42 euros/kg en moyenne sur un an) et le nôtre exporté (4,95 euros/kg). En fait d'emmental, c'est du gouda rebaptisé que les Néerlandais vendent sous la marque de distributeur Casino. Car ce produit ne répond pas à la définition du décret du fromage en vigueur pour les fabricants français. Bingo donc pour les Bataves qui fabriquent moins chers (meilleur rendement…) et n'ont pas investi dans du marketing.

On peut opposer que cet emmental répond à la définition des Pays-Bas qui n'existe pas et qu'au nom de la liberté du commerce, rien ne les empêche de l'exporter. Mais cette contrefaçon n'est pas plus conforme aux normes du Codex Alimentarius qui s'appliquent à l'international. Alors, à quand un PV des Fraudes contre cette usurpation flagrante de notoriété ? Car, derrière ce coup bas, il y a une filière qui trinque. Pas africaine… française, tout simplement.

Par Jean-Michel Vocoret, rédacteur en chef

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement